La bréhaigne

La bréhaigne
Connaît chaque source
A remonté chaque névé
Guidé les éterlous par les sentes de vertige
Les a rassurés chaque jour de tempête quand sifflaient les aiguilles de givre
Leur a montré comment d’un bond flamboyant s’envoler de roc en roc riant du fusil dont l’écho déchire la paix de l’alpage

Ce matin
Le soleil est noir
Les blocs roulent sous le sabot
Elle pose un genou pour reprendre un peu son souffle
Voit légers les cabris passer déjà la cime et la harde s’éloigner sans bruit

Autour d’elle
Les monts immobiles
Le fredon serein des cascades
Au violet du ciel le cercle magique de l’aigle

La bréhaigne
N’a pas une plainte
Elle agenouille sa souffrance

La joubarbe
Frôle son museau

Le vent passe


Un simple bigollo dans lequel aucun refrain n’est imposé.
Le vocabulaire se rapport aux chamois :
bréhaigne = femelle âgée qui guide la harde
éterlou = jeune chamois d’un an
Posté sur la liste Oulipo le 17 octobre 2017.

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