La clé

Un bras me tord. Ah je m’étouffe ! Où est mon tort ?
Et lui qui pouffe : aucun contrordre au fait de tordre.
Eh, c’est l’usage. Esprit profond tout prêt à mordre,
Agent de l’ordre, il serre à fond tel constrictor.

Hurlant sa rage, ô quel stentor. Un bras me tord,
Ah je m’étouffe. Et lui qui pouffe. Aucun contrordre.
Eh, c’est l’usage. Esprit profond, agent de l’ordre,
Il serre à fond, hurlant sa rage. Ô quel stentor.

Ah, je m’étouffe ! Et lui qui pouffe : eh, c’est l’usage.
Esprit profond, il serre à fond, hurlant sa rage.
Ah, je m’étouffe ! Et lui qui pouffe, esprit profond.

Il serre à fond. Ah, je m’étouffe ! Et lui qui pouffe.
Il serre à fond. Ah, je m’étouffe ! Il serre à fond.
Ah, je m’étouffe ! Ah, je m’étouffe… ah… je m’étouffe…


Une présentation unifiée de toutes les formes d’acrostiches a été proposée par Nicolas Graner, qui précise : « un acrostiche de X par Y consiste à mettre bout à bout le premier X de chaque Y d’un texte pour obtenir un nouveau texte ». Partant de cette notion, Gilles Esposito-Farèse a étudié les autoacrostiches d’octosyllabes (ou d’autres portions de chaque vers) par alexandrins, dans lesquels X représente les 8 premières syllabes de chaque vers, et le texte obtenu est simplement toute la fin du texte. Le sonnet ci-dessus en est un exemple : en mettant bout à bout les 8 premières syllabes de chaque vers, on obtient la portion formée de la fin du 5e vers et des 9 derniers vers.
Ce type de construction se caractérise par des répétitions importantes, dont le caractère expressif  est exploité pour me joindre à la dénonciation d’un scandale faisant aujourd’hui l’objet d’un vif débat. après la mort de Cédric Chouviat.
Posté sur la liste Oulipo le 28 juin 2020.

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