L’avocate et le tyran

De Timtik l’avocate à jamais la mémoire
Habite l’ombre ivoire. Et toi, tu es maudit.
D’hommes qu’un néant mate, au bonheur interdit,
Un grand chœur insoumis montre ta face noire.

Accuse un chant puissant de toi – khan dérisoire –
Les crimes qu’ont commis les gens. Ton poing brandi,
Tes doigts que glue le sang, tout ton être enlaidi
De Timtik l’avocate habite l’ombre ivoire.

D’hommes qu’un néant mate, un grand chœur insoumis,
Accuse un chant puissant les crimes qu’ont commis
Tes doigts, que glue le sang de Timtik l’avocate.

D’hommes qu’un néant mate accuse un chant puissant
Tes doigts, que glue le sang d’hommes qu’un néant mate.
Tes doigts que glue le sang. Tes doigts que glue le sang.


En réaction aux nouvelles terrifiantes de Turquie où la dernière victime du despote, l’avocate Ebru Timtik, vient de mourir au terme d’une grève de la faim de 238 jours, il m’a semblé que la contrainte récemment proposée par Gilles Esposito-Farèse pouvait exprimer mon horreur. Il s’agit d’un auto-actostiche d’hémistices par alexandrins, semblable à la contrainte utilisée dans le poème  » La clé  » en remplaçant les octosyllabes par les hémistiches : en mettant bout à bout les 6 premières syllabes de chaque vers, on obtient la portion formée des 7 derniers vers.
Posté sur la liste Oulipo le 29 août 2020.

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