El Desplazado

Je suis l’inconsolé, – le veuf, – le ténébreux,
En ma tour abolie altesse d’Aquitaine.
Et mon luth constellé, sous mon étoile morte,
De la Mélancolie aime le soleil noir .

Toi qui m’as consolé dans le tombeau, rends-moi
La mer de l’Italie, aussi le Pausilippe
Où mon cœur désolé tant a chéri la fleur,
La rose qui s’allie au pampre de la treille.

Suis-je Vouillé ? Biron ? Suis-je Amour ou Phœbus ?
Du baiser de la reine est mon front rouge encor ;
Il nage une sirène aux grottes de mes rêves …

En vainqueur l’Achéron j’ai deux fois traversé :
Sur la lyre d’Orphée alternant ma nuance
Des appels de la fée aux soupirs de la sainte.

Petit essai de « rime ailleurs » qu’en l’envoyant à la liste Oulipo j’ai accompagné de l’explication suivante :
Mettre toujours la rime en fin d’alexandrin :
Sommes-nous condamnés à suivre aveuglément
L’ukase en nos sonnets ? En quoi sur l’hémistiche
Serait-ce un pareil crime enfin que la placer ?
Dans le Desdi présent, en vers libres écrit,
L’offense refusant, ne cherchez pas de rimes.
Il s’agit en fait d’une nouvelle variante du poème El Desdichado de Gérard de Nerval, un exercice cher aux Oulipotes, dont les plus de cinq cent Avatars de Nerval sont consignés par Nicolas Graner sur son site. Par une simple interversion des deux moitiés de chaque vers de Nerval, les rimes originales sont conservées mais, déportées à l’hémistiche, rendues invisibles.
Posté sur la liste Oulipo le 25 avril 2018.

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