Le complice du pire

Monsieur le président
J’ai reçu votre lettre
Où vous voulez nous mettre
Votre poing dans les dents.
Fin de non recevoir
Du camp des milliardaires
Vous déclarez la guerre
Au peuple du trottoir.
Monsieur le président
N’essayez pas de faire
Tirer vos militaires
Pour tuer les pauvres gens.
C’est pas pour vous fâcher,
Il faut que je vous dise,
Ma décision est prise,
Je soutiens les gilets.

Depuis que je suis né,
J’ai fait honte à mon père,
Epousé la misère
Affamé mes enfants.
Ma mère a tant souffert
Qu’elle est morte avant l’âge
A force de chômage
Sans chauffage l’hiver.
J’ai voulu travailler,
On a volé ma paye,
On a coupé ma treille,
Expulsé mon foyer.
Demain de bon matin
Au pied de votre trône
Me revêtant de jaune,
Je hurlerai sans fin.

Je défendrai la vie
Sur les routes de France,
De Bretagne en Provence
Et je dirai aux gens:
«Refusez de remplir,
Le débat malhonnête,
Ce fatras de sornettes,
Refusez d’obéir.»
S’il faut piquer l’argent,
Que l’on pique le vôtre,
Vous êtes bon apôtre
Monsieur le président.
Si vous me poursuivez,
Prévenez vos gendarmes
Que ce n’est pas leurs armes
Qui pourront vous sauver.

Le titre de cette réécriture du Déserteur de Boris Vian fait référence à une déclaration d’Emmanuel Macron le 26 février, dans laquelle il s’adresse en ces termes aux gilets jaunes, ne donnant d’autre perspective que son Grand Débat.

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