la coupe sauvage

hier la terre entra chez le coiffeur
il l’a shampooinée avec douceur
puis de la blouse grise le piège
l’a bien ligotée au fond du siège

Comment je vous coupe, ma beauté ?
dégagez un peu ma liberté
laissez-moi retrouver naturelles
les couleurs que je trouvais si belles

s’anime la danse du ciseau
le barbier souple comme un roseau
fait glisser une lame cruelle
le rasoir s’acharne et décibèle

Ce n’est pas trop chaud ? le figaro
avec le rire froid du bourreau
coupe extirpe laboure éradique
mèche rebelle twist impudique

jette un colorant un défoliant
engluant tout d’un gel émollient
chasse un poil d’une brosse sournoise
retire la blouse et tend l’ardoise

où sont fleuves et collines douces
libellules et fauvettes rousses
chêne rouvre et flamboyant mélèze
lèvre rouge qu’entrouvre la fraise

nous qui avions attendu devant
on a vu sortir en coup de vent
un boulet jailli de la boutique
la sphère monstre mathématique

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