le toit

éboulis incandescents
en contrebas le torrent lézarde
plus un olivier sur l’adret
rien que des pins tordus
j’approche de la falaise
qui ferme l’horizon

chevalier désamouré
quand ton coeur s’est refermé
ce chemin sans destinée
est-ce toi qui l’as tracé

marcheur ne t’en retourne pas
cheveux collés de sueur
désespérant de trouver un passage
dans la voûte hostile des rocs
regarde bien
des bâtisseurs sont venus

enchâssée dans l’arc de granite
une église s’arc-boute
comme ses fenêtres sont étroites
aucune porte
moi j’ai marché sur son toit
moi je l’ai piétinée
alors j’ai découvert un sentier de vertige

chevalier des longues courses
quand ton pied s’est arrêté
ce reposoir claquemuré
est-ce toi qui l’a maçonné

petit vallon perché
garrigue sauterelles
sur la pente des ombres alignées
un cortège d’êtres granitiques

que faites vous sinistres pèlerins
pourquoi restez vous à genoux
éternels éplorés
quand sur la cîme toute proche
un soleil aimant vous invite

chevalier des clameurs rudes
quand tes accents se sont voilés
cette odorante vallée
l’as-tu remontée

au col soudain se dévoile
l’horizon argenté
d’une mer qui emporte mon âme
d’immenses silhouettes blanches
agitent leurs bras en grands cercles
elles me font signe
et je pleure de joie

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