deux femmes

le soleil reparut sur les crêtes ocres
les rochers découpèrent au dessus de la citadelle
de fantasques aurores dentelées

elle me racontait son combat
sa fureur me fouettait le visage
les noms des amis qui souffraient
formaient sur ses lèvres un défilé livide

elle était blonde
son visage ovale
son sourire jamais éteint même aux plus terribles dénonciations
sa voix chantante et qui jamais ne s’élevait
tout s’habillait d’une énergie sereine

de leurs feuilles ogivales deux yuccas soulignaient avec majesté
la splendeur des lauriers empourprés
au soleil ton île est un chant d’amour

brune sa camarade avait le front chargé
des combats menés ensemble
qui les marquaient du même souci dans le regard
de la même inflexion tragique dans la voix
de la même tension des cerfs aux aguets

sa langue m’était inconnue
elle était musique dansante et noble
il s’y mêlait l’âpre mystère des cimes rocailleuses
et la chaleur torride des plaines d’altitude

jusqu’au soir nous avons travaillé
impatients de faire tomber les injustices
les militants chacun son tour
s’embrasaient d’étincelles rougeoyantes
et la nuit tombante se mêlait à une étrange lumière
tandis que deux femmes pétrissaient
de leurs quatre mains généreuses
l’argile d’un monde qui lève

 

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