Le G20, la sauvagine

De l’Olympe la carabine
Long rifle vrille sa racine
En silence, comme en sourdine.
Large vague où meurt l’âme fine.

Comme folle une sauvagine,
Une enfant à la raide échine,
Croix au cou, droguée au tajine,
S’arc-boute comme une Algonkine.

Étend Babel son pipe-line.
Ce tentacule brun chemine
Qui, faufilant main léonine,
Est partout, fouaille, rapine.

Accepté Baal, jamais qi ne
Portes, caravane chagrine.
Y a-t-il un dieu qui dessine
Le chemin noir qu’on te destine ?

Feu, détruis la pègre échevine.
De nouveau que brille Wi né.
Ta rage arrache la toxine,
Haine fertile, âpre rendzine.


Poursuivant l’expérimentation des acrostiches de mots, je les combine ici avec la contrainte du G20, variante de l’alpharime: dans cette dernière toutes les lettres de l’alphabet apparaissent successivement avant la rime constante, tandis que le G20 ne fait apparaître que les 20 consonnes. L’autre signification du sigle G20 me semble en résonance avec le thème du poème. L’acrostiche reprend ici une célèbre citation de Paul Eluard.
Posté sur la liste Oulipo le 30 mai 2018.

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