Aux demoiselles sans valise

Là, par terre,
Vous est chère
La valise,
Convoitise
De l’escroc.
Mais… zéro,
Patatrac !
Rien qu’un sac
De rognure.
Piètre ordure
Serez faits,
Vous, fieffés
Provinciaux.
Des bestiaux
Tout découpent.
Pauvre troupe,
Dit Queneau,
Gare, une eau
Zéabonde
Rend immonde
Ton manteau.
Fuis plutôt
Cette fange.
Vieille grange
Toujours chantes.
Loque enchante,
Plus qu’or, frère,
Là, par terre.


Comme chaque année le site Zazie mode d’emploi consacre une page à un membre de l’Oulipo, déclaré « Oulipien de l’année » dont un texte est soumis à la créativité de tous ceux qui veulent en donner une version en appliquant les règles de son choix. Cette année, l’Oulipien de l’année est Raymond Queneau, dont un des Cent mille milliards de poèmes est ainsi proposé.
Dans cette contribution j’explore le « mamignonnet » auquel je remercie Gilles Esposito-Farèse de m’avoir initié. Il s’agit d’un bouquet de contraintes listées par Douglas Hofstadter qui les a relevées dans le poème « À une Damoyselle Malade  » (aussi connu comme « Ma mignonne ») de Clément Marot. Dans son livre « Le Ton Beau de Marot », Hofstadter donne de nombreuses traductions de ce poème respectant ces contraintes. Voici une traduction de la liste des contraintes à respecter dans un mamignonnet, mise en œuvre dans la présente contribution :
1 Il comporte 28 lignes.
2 Chaque ligne a 3 syllabes.
3 L’accent tombe sur la troisième de ces syllabes.
4 Il est formé d’une série de distiques rimés (AA BB CC DD…)
5 Les « distiques sémantiques » sont déphasés par rapport aux distiques rimés : A, AB, BC…
6 Après la ligne 14 le « vous » est remplacé par le « tu ».
7 La dernière ligne reprend la première.
8 L’auteur glisse son nom dans le poème.
Posté sur la liste Oulipo le 20 novembre 2019.

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