El Sosdealepo

Je suis la triste cité veuve dans la nuit.
Le chef au napalm détruit l’âme de sa plèbe.
Plus un seul espoir, l’effroi glace, tout est bruit.
Vient un noir drapeau planté sanglant sur la glèbe.

Je suis un tombeau maudit. Holà ! Qui me plaint ?
Qui va me rendre jamais l’amour et la vie,
La fleur qui sentait l’heureux parfum d’un jour plein,
Le miel bien doré, l’amant serrant fort sa mie ?

Qui sont ces hommes bestiaux ? Chacal ou loup gris ?
Au cou m’a saisi l’étau sanglant de crocs traîtres.
Le rêve est tué. Partout d’enfer sort le reître.

Et mes deux vainqueurs, unis, frappent à grands cris
Sous le doux blâme d’états puissants sur leur lyre
Dont les saints soupirs bruyants masquent le long rire.


Le sosnet, récemment proposé par Nicolas Graner, est une forme particulièrement adaptée aux cris d’alarme. Il s’agit de composer chaque vers sur le modèle du SOS transcrit en morse « . . . – – – . . . » dans lequel chaque point se traduit par un mot d’une syllabe, chaque trait par un mot de deux syllabes. Ce poème est une tentative en ce sens. Il s’inscrit par ailleurs dans la longue traditions de réécritures du Desdichado de Nerval, qui ont été recueillies sur le site de Nicolas Graner. Ce n’est pas mon premier poème sur le martyre d’Alep ; je languis le jour où je pourrai chanter le retour de la joie.
Posté sur la liste Oulipo le 4 mai 2015.

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