SOS au bistrot

je vois le bistrot plutôt brumeux tel un smog
son jour sa glauque clarté crève nos yeux sombres
il nous fend l’esprit chacun rampe dans cette ombre
là l’un vers l’autre chantant l’aria de nos grogs

ce que nos lèvres sèches lampent pour nous c’est
sur tes yeux jolis bruissant ici le flot large
de la mer mirant chaque désir je ne sais
quand le jour file cassé brisé sur les marges

l’un s’en va soudain laissant juste sur le zinc
trois sous nets zéro pourboire hélas pour vous même
nous dit le serveur alors voulez-vous des drinks

oh pour nous cette boisson suffit que tu sèmes
de tes yeux ondins troublant ivres le beau cours
de la mer possible ample naufrage où l’on court


Une nouvelle forme poétique, le « sosnet », a été inventée par Nicolas Graner qui l’a introduite sur la liste Oulipo le 17 février 2016. De même structure que le sonnet, le poème comporte des vers formés de mots dont le nombre de syllabes est imposé : 1,1,1,2,2,2,1,1,1
Ainsi si un mot d’une syllabe représente un point et un mot de 2 syllabes un trait nous retrouvons à chaque ligne le fameux SOS en Morse.
Le présent essai de cette formule est une contribution à l’Oulipien de l’Année, une rubrique du site « Zazie mode d’emploi  » consacrée cette année à un texte de Ian Monk, « Je regarde le bistrot », extrait de son poème « A Bourges ».
Posté sur la liste Oulipo le 19 février 2016.

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