Méandres

S’enfonçant
Sous les murs banchés,
Comme la plaie qu’ouvre un poignard,
Plonge un couloir sombre où se rue un courant d’air froid.
Sous son pied qui s’y perd malgré lui crisse un gravier grossier que jonchent des épaves.
Chaque pas résonne longuement dans ce canyon qui s’élargit, prend une proportion de cathédrale, et plus loin se ramifie.
Le fin ruban de ciel au faîte des parois aveugles s’éloigne et presque disparaît, laissant filtrer un jour infime qui plonge les méandres de ce labyrinthe dans une grisaille crépusculaire.

Il avance
Sous les murs banchés
Comme l’aimant qu’un pôle attire.
Il lui semble que quelqu’un l’appelle de très loin.
Quelquefois il dépasse un être qui se tasse immobile contre le mur nu,
Qui gémit doucement, et poursuit Faouz d’une mélopée où se mêlent sans tonalité l’indifférence et le désespoir.

Peu à peu
Sous les murs banchés
La lumière devient plus rare.
Un boyau tantôt s’ouvre à gauche, tantôt à droite.
Comme il hésite à pousser plus loin sa descente, devant lui se dresse un vieillard.

Sa couleur
Sous les murs banchés
Rappelle celle de la cendre.
Il tremble et de fatigue ses yeux restent fermés.

Il agrippe
Sous les murs banchés
L’épaule, où ses longs doigts s’incrustent,

Du jeune homme.
Sous les murs banchés

Il lui parle.

Cette page est écrite à l’indicatif présent. Quelques explications sur ce recueil sont disponibles ici.

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