Sévis, vent, par chemins mû : ai, pardi, vingt ans !

Et tous assis en cercle à mâchonner des naans,
De cothurnes chaussés et coiffés de turbans,
Fumant la pipe au ruban d’or des Mohicans,
Emplirent leurs hanaps de cépages cerdans.
Puis à l’invitation du maître de céans,
Leurs bras tourbillonnant en guise de propfans,
Bondirent en tous sens en hurlant des slogans.
Un inculte eût pu croire entendre des hihans
Ou le cri des troupeaux que mènent les gardians.
Oh belle fête où slivovitz et pois cajans
Se mêlaient au fumet d’un agneau des Balkans !
C’est alors que, repus d’oummous et d’ortolans,
Ils laissèrent fuser de longs chants de chamans.
Des vers inconsolés de Birons, Lusignans.
On entendit fuser contrepets et koans,
Pangrammes en folie heurtèrent les tympans.
La chimère effrayait les enfants de cinq ans
Qui vinrent s’abriter au bras des vétérans.
Ils déroulèrent de leurs doigts vifs d’artisans
Ces vivants parchemins mués par divins tans :
Là des pantouns malais, des vers tuvaluans,
Tels des chevaux marins échappés de leurs vans,
Se mêlaient aux sonnets, morales et diwans,
Aux cadavres exquis, S7, cut-up texans.
Alors s’ouvrit le ciel sur un monde aux beaux cyans
Où d’un galop fondit leur grand vol d’alezans.

La liste Oulipo, ce 21 octobre, fête ses 20 ans ! Les Oulipotes étaient invités à célébrer ce joyeux évènement par l’envoi de textes que la dure contrainte oulipienne ne prive pas forcément d’un peu d’humour. Cette contribution est composée en alpharimes, aussi nommées ouliporimes alphabétiques : aans, bans, cans, dans … Le titre est holorime de l’un des vers.
Posté sur la liste Oulipo le 21 octobre 2016.

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