Journal 2016

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28 décembre : Joie d’apprendre la grâce totale accordée à Jacqueline Sauvage. Je lui avais dédié le poème suivant le 24 décembre, jour où de nombreuses voix se sont élevées après le refus de sa libération anticipée :

femme entre les murs
regarde par la fenêtre
que le fer meurtrit

regarde l’étoile
qui ce soir brille pour toi
que le fer meurtrit

sa clarté reflète
l’affection de tes amis
que le fer meurtrit

la main de justice
se détourne de ta chair
que le fer meurtrit

des coups et des viols
de l’enfer d’une famille
que le fer meurtrit

on a mieux à faire
que s’attarder à la femme
que le fer meurtrit

femme entre les murs
l’étoile brille pour toi
que le fer meurtrit

écoute le chant
ce soir de tous les enfants
que le fer meurtrit

scintille l’étoile
dans leur cœur et dans le tien

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4 décembre : Mort du dessinateur Marcel Gotlib.

marginaux lurons                    céladons dingos 
                      gotons 
 
 mariés gais                      célibataires fluides 
                   libertaires 
  
                      gotha 
                      libère 
                      maraud 
                      céleste 
 
marrades à brac                    célébrité glaciale 
                      gotlib

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26 novembre : Mort du grand révolutionnaire cubain Fidel Castro. En son honneur un palindrome précédé de son exégèse :

Méprisé du ricain cet homme sut enfreindre
Son talion moderne à la senteur de fioul
Qu’un arbre sur sa tombe ouvre un horizon cool
Tel la clé qui jouant fait tourner le cylindre

Loi rusée, rite rétro, pale trace…
Fidel Castro mort, sa clé d’if
écarte la porte retirée sur Oil.

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20 novembre : Dans le cadre de La Ronde, un échange périodique de blog à blog, je suis heureux d’accueillir Franck Bladou  pour sa belle

Contemplation assis dans le thym

Il était cinq heures du soir. De passage, je n’avais qu’une heure à lui consacrer. Les lacets s’enchainaient dans une envolée tortueuse d’Est en Ouest. C’était un jeudi d’avril. Un grand ciel bleu auréolait encore les pins parasols rescapés qui gardaient au fond de leur écorce l’écho des vibrations élytréennes des cigales de l’été passé. Après la mer de vignes sages, en vagues orthodontées, préambule clapotant d’une houle plus forte, culminait le plateau du Cengle, occupant l’horizon. Je la sentais sans la voir encore et chaque virage en épingle à cheveux la rendait plus désirable, déroulait la longue tresse qui menait à elle. J’allais, comme lui jadis, au motif. Seul, impatient, converti. J’allais la voir chatoyer sous la lumière progressivement déclinante, traquer l’imperceptible respiration de chacune de ses anfractuosités. Elle était là, bien sûr, mais chaque visite semblait la première, jamais la surprise ne s’était émoussée quand, aux détours d’un virage, elle apparaissait, massive, si proche mais inaccessible. Cette fin d’après-midi là, après une courte marche sur ses flancs instables, je me suis posté face à elle, seul, rocher parmi ses éboulis. Au pied du tsunami figé, j’ai savouré la menace éternelle d’un ensevelissement imminent. Une heure de dialogue discret, sans personne, à scruter les variations de son derme en reflet de celles du ciel. J’ai vu son profil de Moby Dick, le manteau de chromatophores qui recouvre son dos changer de couleurs et de texture comme un poulpe contrarié. Dans le silence strié de douces rafales de vent, j’ai écouté sa sagesse triasique, j’ai senti les reptiles sauriens endormis se tourner lentement dans leurs draps de calcaire, j’ai cherché du regard celui du peintre qui ne l’approchait jamais de si près. Un changement de couleur, peut être un signal, un frisson le long de son échine m’ont fait me lever et reprendre ma route. Il était alors six heures du soir.

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Je suis quant à moi très honoré d’être accueilli chez Elise Lamiscarre pour le poème suivant. Un contretemps a fait paraître ce poème précisément lors de la journée des droits de l’enfant : c’est fortuit, mais heureux.

l’oiseau

il était cinq heures du soir
dans la cour danse la fillette
sur son aile brodée en noir
au ciel vire l’étrange mouette

dans la rue danse la fillette
à cloche pied dans le soleil
au ciel vire l’étrange mouette
et passe un nuage vermeil

à cloche pied dans le soleil
elle aime les regards tranquilles
et passe un nuage vermeil
nimbé de rayons immobiles

elle aime les regards tranquilles
des hommes qui vont affairés
nimbé de rayons immobiles
l’oiseau tourne en cercles serrés

des hommes qui vont affairés
la fillette heureuse qui chante
l’oiseau tourne en cercles serrés
il siffle d’une voix méchante

la fillette heureuse qui chante
respirant les parfums d’été
il siffle d’une voix méchante
laissant le ciel épouvanté

respirant les parfums d’été
tout à coup s’interrompt son rêve
laissant le ciel épouvanté
l’oiseau jette une trille brève

tout à coup s’interrompt son rêve
l’enfant lève un œil interdit
l’oiseau jette une trille brève
quelque chose tombe et grandit

l’enfant lève un œil interdit
sa lèvre a cessé sa comptine
quelque chose tombe et grandit
tout d’un blanc cinglant s’illumine

sa lèvre a cessé sa comptine
la feuille tourne et vole au vent
tout d’un blanc cinglant s’illumine
fulgurance d’un feu mouvant

la feuille tourne et vole au vent
dans la cour où tout est silence
fulgurance d’un feu mouvant
l’oiseau vers l’horizon s’élance

dans la cour où tout est silence
un petit tas de charbon noir
l’oiseau vers l’horizon s’élance
il était cinq heures du soir

Ouvrir la page de ce poème sur le site Même sisur le site Talipo

9 novembre : Réveil douloureux après les élections aux Etats Unis.

Aujourd’hui, jour d’hiver précoce
Fondent Trump sur l’Amérique
Et le monde en sanglots

7 novembre : à 16h34 les femmes sont appelées à un arrêt de travail pour dénoncer l’inégalité des salaires.

La rivière

au mur ma romance morne
ai mise en vers avec ma craie acérée
morose avenir où oser vivre se verra nommer crime
en mon sexe incarcérée ô recouvrer un nom un rêve un souvenir où ma racine sucera une sève nourricière

mon errance en mer mauvaise
ai mise en vers avec ma craie acérée
mais nous renverserons ce mur mais nous ouvrirons ce carcan

une rivière insoumise
ai mise en vers avec ma craie acérée

son eau creuse un cours nouveau

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21 octobre : La liste Oulipo,  fête ses 20 ans !  Voici un texte composé à cette occasion.

Sévis, vent, par chemins mû : ai, pardi, vingt ans !

Et tous assis en cercle à mâchonner des naans,
De cothurnes chaussés et coiffés de turbans,
Fumant la pipe au ruban d’or des Mohicans,
Emplirent leurs hanaps de cépages cerdans.
Puis à l’invitation du maître de céans,
Leurs bras tourbillonnant en guise de propfans,
Bondirent en tous sens en hurlant des slogans.
Un inculte eût pu croire entendre des hihans
Ou le cri des troupeaux que mènent les gardians.
Oh belle fête où slivovitz et pois cajans
Se mêlaient au fumet d’un agneau des Balkans !
C’est alors que, repus d’oummous et d’ortolans,
Ils laissèrent fuser de longs chants de chamans.
Des vers inconsolés de Birons, Lusignans.
On entendit fuser contrepets et koans,
Pangrammes en folie heurtèrent les tympans.
La chimère effrayait les enfants de cinq ans
Qui vinrent s’abriter au bras des vétérans.
Ils déroulèrent de leurs doigts vifs d’artisans
Ces vivants parchemins mués par divins tans :
Là des pantouns malais, des vers tuvaluans,
Tels des chevaux marins échappés de leurs vans,
Se mêlaient aux sonnets, morales et diwans,
Aux cadavres exquis, S7, cut-up texans.
Alors s’ouvrit le ciel sur un monde aux beaux cyans
Où d’un galop fondit leur grand vol d’alezans.

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12 octobre : Lancement d’un poème-feuilleton « La concordance des temps »

11 octobre : Campagne haineuse d’affiches anti-migrants à Béziers, où l’on peut lire « Ca y est ils arrivent… Les migrants dans notre centre-ville !» Ma dernière contribution à « L’oulipienne de l’année » est en réaction :

La belle rencontre

Traverser la terre, ils y arrivent !
Celui qui pense dans notre centre-ville
Possède la rive
Et les migrants, c’est le fleuve.

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4 octobre : Le site Zazipo lance sa nouvelle édition de l’oulipien de l’année. Il s’agit cette année de Michelle Grangaud, dont le haïku « Traverse la terre » sert de support aux contributions déjà nombreuses lui faisant subir toutes sortes de transformations. Voici ma première contribution :

et criai
vœu reste fluant
l’être réel crée l’outil
qu’unit plein osier
péon sasse
adieu lear roi ivre
vents – lied fol de vuivre

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2 octobre : Mort du peintre indien Jagdish Rastogi. Lui est dédié ce poème en bel absent :

O ghat jadis gris

Passe lente fumée qui vogue du bûcher.
Songe, emplis juste esprit qu’un feu blond vient lécher.
Homme au beau front de qui jaillit ce vent puissant
Qui fit voler chacun, jambe et corps agissant,
O cher, qu’un grand bond fol t’emporte au vert séjour :
Bonheur, vainqueur du mal, perce le fragrant jour.
Peignant d’un grand flambeau, va jusqu’au ciel croissant.

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15 septembre : Le poème suivant est dédié à Aslı Erdoğan, femme de lettres emprisonnée dans les geôles turques.

signal a rôdé

Vers sauvages.
Œuvre où grave rage.
O Sœur à verve ravageuse !
Au rivage s’agrège vase où ruse s’égare :
Ose voguer, rouge gourse, sur vague susurreuse où vue ouvre vers aurore.

Aga voue
Œuvre où grave rage
A ses rouages égorgeurs.
Réseau gore agresse gueuse, rosse, serre gorge.

Sous servage,
Œuvre où grave rage
Verse sève à grosses gorgées.

Sage orage,
Son lied noir de rage

Sauve rêve.

Ouvrir la page du poème sur le site « simultanées » d’Hélène Verdier, qui l’accueille dans le cadre de l’échange entre blogs « La Ronde »

29 août : Pour mon retour sur les ondes, un petit hommage à Brigitte Célérier qui met fin à ses errances quotidiennes en Avignon chez qui tant de nous ont puisé des trésors d’humanité et de poésie.

Celle qui marchait veut s’asseoir
Ceux qui ont lu tant de lumière
Lui disent merci reste fière
Et goûte la brise du soir

24 juin : Brexit

Sur les consonnes

Rixe et boxe au bar :
Roturier taxe ta bière.
Barre-toi, barbare !

Sur les voyelles

Dépit de l’Empire :
Reine indigente se tire
Vers le billet vert.

15 juin : Jour de parution de La ronde, un échange entre blogs, dans lequel je suis heureux d’accueillir Elise :

Göttingen, cimetière communal,
des allées, des arbres, cheminer.

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De la terre fraîchement retournée
S’attarder
Elle commente « incinérer puis choisir un arbre et déposer l’urne à son pied,
la tendance aujourd’hui »
Sans nom
Sans plaque.
Rien mais se souvenir.
Planter en quelque sorte.
Jardin des morts.

Elise-gottingen-etang

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tandis que je suis très honoré d’être accueilli chez un promeneur qui publie :

graines à la volée

Vers cette mire anglaise où sont fuyards drainés,
De la jungle française aux sinistres cabines,
L’ouvrier tend rageur ses yeux déracinés.
Loin bonheur familial. Loin fêtes smaragdines.
Le temps est suspendu, les rêves sont freinés,
D’un curé brillent seuls cierges et paraffines.
L’hiver grippe l’élan des plans imaginés.
Rôde un pouvoir public aux haineuses machines :
Délire botanique ou loi chafii, nés
Hommes, faits plantes, fauchés, fondrez en tajines.
Votre acclimatation par d’atrophiants kinés,
Crime zoologique, étend brumes malines,
Déversant boue et pierre en ces terrains minés
Où l’on voit cultiver vertèbres et canines.
Là par un dieu salaud vous vous trouvez foinés.
Ferez-vous un éden de l’entrelacs d’épines,
Aux délices goûtant d’un joueur de qin, ès
Qualités de clerc d’Hespérides vipérines ?
Point d’Epicure au rang des hères houssinés,
Aucune académie, ni stances, ni comptines.
A côté de la mer rôdent des corps ruinés,
Visages d’adonis labourés de ravines.
« S’ils étaient Japonais ! Mais au Malawi nés
Ils salissent la France, y sèment leurs toxines,
Leurs enfants sales. Toi, le beur : fedayin es-
Tu ? Le mal secret qu’abhorrent nos webzines ?  »

Les émigrants - terre cuite d'Honoré Daumier - par autorisation du site raf.dessins@free.fr

Les émigrants – terre cuite d’Honoré Daumier – par autorisation du site raf.dessins@free.fr

Ouvrir la page du poème  sur le site un promeneursur le site talipo

14 juin : Sur les consonnes du mot du jour, manif :

Immine infamie !
Unanime, un même feu
Emmène nuée.

13 juin : Après l’attentat homophobe appris ce dimanche, sur les consonnes de « LGBT »

Gai, le bel égal
Agite l’utile gouaille
Et bâtit l’été.

12 juin : Vu l’incertitude du futur, un beau présent pour le football :

A l’atoll, boa
Affala l’oblat falot.
Baobab fatal.

3 juin : Pour ma première participation aux Vases communicants j’accueille avec joie Marie-Noëlle Bertrand :

Ça c’est bath !

Seuil du mois, nombreux textes troqués, ça c’est bath !
Tu es prêt, portail ouvert, largue dans le vent
tes mots feux, flammes, bouquets, cadeaux ; le fil tend
très fort vers autrui , divin accord, pour la date.

Prends ton bic, écris avec l’ami, tiens le cap !
Sur son blog, l’autre sera accueil ; sur les rangs,
tu as grand désir, cherche toujours, prends le temps.
Mais vient le moment : être paré. C’est le clap.

Ce mois-ci, Noël choisit sosnet. Bien, pour moi,
c’est un don ; écrire avec ardeur. Je kiff’, quoi,
je suis fan, mienne hotte pleine de vers neufs.

Lui, c’est un brillant pantoum, pareil à un chant.
C’est une jam session vraiment plaisante et sans bluff !
Sans un pli, voilà : marché conclu, quel doux temps.

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De son côté Marie-Noëlle me fait l’honneur d’accueillir sur son site La dilettante mon poème « Le temps s’est arrêté »

28 mai : Au mur des fédérés, hommage à la Commune de Paris.

parfois triomphe la main qui oppresse
jamais on n’abat l’homme qui se dresse

thiers-valls

17 mai : Jour de manifestations

Nous allons manifester
L’injustice manifeste
D’un patronat qui infeste

Nous marchons pour contester
L’état vendu sans conteste
Contre qui chacun proteste

Loi des gros qui profitez
A qui le crime profite
Loi d’une gauche confite

Courant tels des dératés
Biffons la loi scélérate
Que le coup de force rate

C’est le jour de mouffeter
La droite sera défaite
Demain nous ferons la fête

11 mai : Mort de François Morellet :

Nier calme : sort fol

10 mai : Le premier ministre annonce un coup de force pour imposer sa loi. En guise de protestation, quelques anagrammes sur l’expression « quarante-neuf/trois »

Historique  : Tronqué, tu as fariné.
Pragmatique : Tartufe a risqué ? – Non !
Didactique  : Qui torture n’a fanes.
Energique   : Enfin, tous traquera.

5 mai : Le dessinateur Siné est mort aujourd’hui. Voici un bel absent pour marquer cette date.

Mort aux cons

Grapheur qui voit fleurir combien, au jour dernier,
D’hommages forts, bravos cajoleurs qu’on placarde,
Griffé par chaque mot, jouit sous laude bavarde.
Du poing baffant joviaux « Ho, mort aux cons, laquais ! »

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3 mai : Il y a 400 ans mourait Shakespeare. En son honneur un poème écrit sous la contrainte du jeu de la vie :

peaks as here

Pan ! Le théâtre est enseveli, et il crie stop.

Fini l’institut ! Virons l’or chiant, crottons nos proses pour un soir brut, du cul, du fort.

Quand, aux murs sanglants, battus dru, face aux clubs d’effaceurs du rire, d’imbus du poncif, nous, purs surcoufs nus, augurant un jeu plus brutal, risquant l’urgent combat humain, un vent franc levons, pâlit le rictus des moribonds gras.

Risquons l’urgent combat humain.

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1er mai : Après un an de haïkus quotidiens basé sur le calendrier républicain, le Sankulipo s’est achevé hier. Pour fêter la mise à bien de ce projet, voici un feu d’artifice oulipien. Nous honorons à notre manière Fabre d’Eglantine, auteur des noms de jours du calendrier républicain par une salve de poèmes oulipiens à retrouver sur la page « Une pluie de bergeries »

23 avril : Qui mourut il y a 400 ans ?
a) Shakespeare
b) Cervantes
Ce palindrome répond à Google dont le choix se discute…

Trop nus, être Cervantes ou ne pas être ? Ver te sape nu, os, et navre certes un port.

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15 avril : Nouvelle parution de  « La ronde », un échange bimestriel entre blogs. Voici dans ce cadre la contribution de Jean-Pierre Boureux :

Fenêtres

Pas de cadre, pas de fenêtre, l’autour crée le dedans, avant que cet intérieur attire et concentre tout ce qui ne s’échappe pas du cadre. C’est un peu le tableau dans le tableau, pensons au miroir des intérieurs flamands qui focalise un hors cadre dans la fenêtre de vue. Coup d’œil également du photographe qui, par habitude,  compose et structure visuellement sa scène, comme si une bordure virtuelle en délimitait l’extérieur.

Tout cela vient assez vite à la surface de nos pensées formatées par l’accoutumance. Quelques peintres toutefois sont sortis du cadre, ont enlevé la bordure de la scène, le cadre de la toile, pour tenter de prolonger le sujet au-delà du coup d’œil habituel. Pensons tout spécialement à Pierre Bonnard  qui souvent dans ses compositions extériorise l’intérieur et attire d’autant le regard du visiteur ainsi contraint de sortir du cadre alors que dans le même temps le paysage y entre.  Une même approche de renvoi au dehors avait été tentée à la Renaissance par la belle échappée perspective qui créa une rupture avec l’empilement hiérarchique des composantes précédentes, un monde nouveau pour un nouveau monde assurément.

Pierre Bonnard, La Fenêtre ouverte, huile sur toile, 1921, The Phillips Collection, Washington. Dans ‘Bonnard’ catalogue de l’exposition du Centre Georges Pompidou, Paris, 1984, p. 83.

Assez gambergé, je ferme  également les volets qui masquent mes fenêtres. Mais pourquoi me mets-je soudain à siffloter la chanson « les Fenêtres » de Brel, dont les paroles viennent de recouvrir celles antérieures dans le temps mais proches de sens, de Jean Lumière  : « derrière les volets » ? Mystère d’une fenêtre tout à coup ouverte puis refermée dans ma mémoire.

Pour ma part je suis très honoré d’être accueilli chez Hélène Verdier qui publie « Trouble désintégratif ».

Retrouver sur ce site les pages de ces deux textes : Fenêtres  –  Trouble désintégratif

8 avril : J’ai signé la pétition adressée à Donald trump :

parole de haine
faneras-tu le printemps
chassant l’hirondelle

14 mars : Pi Day (cette date s’écrit 3.14 aux Etats Unis) :

Set reçu à tinel, gère une manip : pi n’a menue règle, ni tau, certes.

7 mars : Georges Perec aurait 80 ans aujourd’hui. Outre l’hommage rendu par Nicolas Graner dans le haïku lipogrammatique qu’il a composé pour le Sankulipo, voici un petit poème écrit selon la contrainte du jeu de la vie, à partir d’un court passage de « La disparition » :

Perec = 80

Anton Voyl n’arrivait pas à dormir. Il alluma. Son Jaz marquait minuit vingt.
L’on rôdait par là : pas furtifs glissant sans cap dans l’air. Trip indistinct.
Son prozac à la main, il bravait son sort corrosif.
Son portail grinça : gong doux du complot.
Son portail grinça : gong fou du complot…

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29 février : Ce jour spécial ajouté pour l’année bissextile a été consacré dans le Sankulipo à la sixième sans-culottide du calendrier républicain, dont le nom est « Révolution ». Il a fait l’objet d’une invitation à contributions en belle absente. Vous trouverez ces contributions sur la page spéciale « Révolution »

25 février : Honoré de voir un de mes poèmes paraître dans « Versées » de Philippe Aigrain. Ce superbe recueil bénéficie des magnifiques illustrations de Christine jeanney. Il est maintenant disponible en pré-commande.

15 février : Parution aujourd’hui de La ronde, échange circulaire entre blogs. Le thème de cet opus est « empreintes ». Je suis fier d’accueillir Guy Deflaux

guy-deflaux-empreintetandis qu’Elise Lamiscarre me fait l’honner de me recevoir chez elle pour cette empreinte d’Eluard :

empreinte

écoute
le vent sournois
qui vient troubler ton sommeil à la pointe du jour

un feu
a pris
à ton
refuge

l’embrasement
te marque de son empreinte

Guy-Simard_2003
et sous
tes paupières
collées par la fatigue
la chaleur colore ton iris de teintes inversées

un cercle
de poussière
se dépose

tes compagnons te ferment
les yeux

Voir la page du poème Empreinte de la Saint-Valentin, la page du poème empreinte sur le site d’Elise lamiscarre, sur le présent site

13 février : Il y a deux jours, des chercheurs ont annoncé avoir enfin détecté les ondes gravitationnelles prédites par Albert Einstein. A cette occasion un nouvel avatar du Desdichado de gérard de Nerval :

El Graviton

J’étais la ténébreuse onde au charme inviolé,
Rêve d’Albert Einstein à la douce folie,
Legs d’une étoile morte, – et mon secret scellé
Portait des soleils noirs la trace dépolie.

Dans la nuit du tunnel qui mon âme a volé,
Retentit l’Origine. Infime anomalie,
Je frôlais impalpable un peuple à l’œil collé.
Me trahit un miroir, pendable physalie.

Suis-je espoir ou mirage ? … éléphant ou ciron ?
Sans fard, ignorant l’or, la bannière et la traîne,
J’erre en ce vide grave où je nage sereine…

Mais deux fois traversai l’infernal fenestron,
Entendant tout autour, en voyant mon trophée,
Vaniteux le savant et la foule bluffée.

Ouvrir la page du poème

10 février : Anniversaire de la mort de Pouchkine.

ce n’est pas l’amour
qui fait taire le poète
c’est la balle au ventre

1er janvier :

Seize

Fini le fer les cris et l’érèbe dément.
Dès les neiges d’hiver ici vienne le rire.
Recevez en présent mille cheers en si dièze.
Vivez en fête tendre et recevez, en Seize,
De printemps le délice et d’été le délire.
Bien plein levez le verre et vivez bellement.

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