gorge se perce

lumineux il part

où les impatiences prennent origine
l’impossible plaine orange
l’infinie pente oscillante

l’idiot pur ose

lampions
incolores panels
orientent l’issue par où
longtemps inhibé par oeillères
l’idiot pur oublie les indignes pleurs

oiseau libéré il plane ou lévite
instable pèlerin ordinant les ivrognes

peu osèrent
lui il pénètre où leurs interdits prévalent
on louvoie
il prèche
osant l’insolence par orgueil

l’indigne présence obsède les irascibles prêtres
offense leur  immensité
peu osèrent leur imposer pareil outrage

lamentable idiot
pars où les idolâtres prient
ordonnent les immaculés

peut-on louablement incendier ?
peu osèrent
l’idiot pur ose

lucide il propage ocre l’ignition purifiante
occit les illustres principes
ourdit l’incandescence

puis ombre lumineuse il pâlit
opalescent
leurre impalpable

peu osèrent
lui il passe où les idiots périssent
obscurs limbes illusoires
pénombre où librement il plonge

 

Je propose d’appeler la contrainte ici utilisée l’Idiot pur. Elle dérive  des acronymes dont les lettres doivent figurer tour à tour au début de chaque mot. Ici, j’ai utilisé « lipo » en hommage à l’Oulipo. J’ai décidé de plus d’utiliser le beau texte « Musique de table » d’Oskar Paktior, Oulipien de l’année 2008 sur le site Zazipo auquel ce poème a été envoyé en contribution. Le texte d’O. Paktior a subi deux transformations successives : 1) Substitution à la première lettre de chaque mot d’une des quatre lettres L-I-P-O dans l’ordre (« Musique de table. Tino est dans le jardin » devient « lusique ie pable. oino lst ians pe oardin »). Le texte ainsi obtenu, très beau, n’est toutefois pas très explicite. 2) Substitution à chaque mot ainsi obtenu d’un mot de même première lettre, d’à peu près égale longueur et de sonorité approchante afin de garder un peu de la musique du second texte. Cette seconde contrainte est appliquée de façon souple, mais le respect des premières lettres est impératif. Un sens s’est dégagé qui m’a moi-même surpris :
« lusique ie pable. oino lst ians pe oardin » devient « lumineux il part où les impatiences prennent origine »
S’il faut une transgression… Je me suis arrêté avant la fin du texte d’O Paktior (juste avant la comète). Et de même le dernier L-I-P-O n’a pas de O. Je ne l’avais pas prévu, mais arrivé à cet endroit je me suis aperçu que le poème était achevé.

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