le minotaure

elle est assise au bord d’un terrain vague
sans un mot
drapée dans un linge grisâtre elle attend immobile

des voix d’hommes récitent les écrits sacrés
se répondent en accéléré
les yeux sont durs mentons levés

Minotaure est par ici
sentez-vous le sol vibrer sous sa danse titubante
entendez-vous contre les murs de pierre le choc de ses cornes trop grandes
respirez-vous son odeur de bête
Minotaure aujourd’hui veut la femme

elle ne bouge pas sous les insultes
elle ne s’enfuit pas
aucun souffle de vent n’agite la bure sur sa tête

de sages chefs jugent et condamnent en chantant
tous les visages sont souriants
que s’avance l’homme vêtu de blanc

Minotaure est ivre
le sang déborde de sa chope qu’il balance
un vertige envahit l’esplanade qui se soulève et tangue
des vapeurs fétides brouillent la lumière
Minotaure aujourd’hui veut la femme

beau servant d’office joli froc
droit sur ses ergots de coq
spadassin blanc porteur d’estoc

elle ne sursaute pas au cliquetis du cran
elle se tient redressée devant la kalashnikov

elle est tombée

 

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2 réflexions au sujet de « le minotaure »

  1. Probant talipot

    Une violence à cris ficelés de barbarie
    veut qu’atrocement cesse à Qimchok
    une vie, ô lent sacrifice ! Les deux
    barbes arrivent : quatre ossements…
    C’est ça qui me choque.

    • Merci Gef !

      Où lit poète, ois: « Qu’ont damné là beaux minables ?  »
      Oulipo et toi condamnez l’abominable

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