Esclave, bel absent

Au champ jusqu’à la mort ils vont fauchant grains blonds.
Qui voit, au joug, l’homme perdu bêchant la fange ?
Visage aux joues de plomb, hère fantomatique,
Qu’on vend en groupe au troc, jambe enchaînée de fers.
Vient un jour blême un fruit gris qui pend, déchiré
Par des juges moqueurs dont blancheur se fait meurtre.
Aux ports marchands, joyaux qu’un gain blafard viola.

En ce 10 mai, journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions. Alors que des relents négationnistes renaissent, alors qu’on revoit des êtres humains niés dans leur existence, le choix pour ce poème de la contrainte du bel absent s’est imposé à moi.
Posté sur la liste Oulipo le 10 mai 2014.

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