El Graviton

J’étais la ténébreuse onde au charme inviolé,
Rêve d’Albert Einstein à la douce folie,
Legs d’une étoile morte, – et mon secret scellé
Portait des soleils noirs la trace dépolie.

Dans la nuit du tunnel qui mon âme a volé,
Retentit l’Origine. Infime anomalie,
Je frôlais impalpable un peuple à l’œil collé.
Me trahit un miroir, pendable physalie.

Suis-je espoir ou mirage ? … éléphant ou ciron ?
Sans fard, ignorant l’or, la bannière et la traîne,
J’erre en ce vide grave où je nage sereine…

Mais deux fois traversai l’infernal fenestron,
Entendant tout autour, en voyant mon trophée,
Vaniteux le savant et la foule bluffée.


Le 11 février 2016 deux laboratoires américains ont annoncé avoir détecté les ondes gravitationnelles, dont l’existence avait été postulée cent ans plus tôt par Albert Einstein. A cette occasion, voici un nouvel « avatar de Nerval », venant s’ajouter à une longue série, tenue à jour par Nicolas Graner, de versions oulipiennes du poème « El Desdichado » de Gérard de Nerval.
Posté sur la liste Oulipo le 13 février 2016.

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