Poteries 2020

Sur la liste oulipo sont lancées quotidiennement des propositions de contraintes qui reçoivent de nombreuses réponses auxquelles j’ai joint ces petits textes.  J’ai commencé par les classer d’après la contrainte utilisée. A partir de 2018 j’ai renoncé à ce classement trop difficile en raison du foisonnement de nouvelles contraintes proposées, et mes contributions sont classées par année.

( Désolé pour la mise à jour retardée. Ça finira par se faire ! )

2 juin

Vieux proverbe chinois :

Tael n’emparât as.

La signification de ce proverbe est discutée. Certains y lisent que le vrai héros est insensible à l’appât du gain ; d’autres y voient, symbolisée par des monnaies des deux pays, l’affirmation que la Chine éternelle résistera toujours à l’impérialisme de Rome.

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El Hado

Ténébreux à étoile :
La nuit et mon pampre.
Amour rouge ai traversé
À soupirs.

Les deux textes ci-dessus sont un essai double d’acrostiches généralisés, notion introduite par Nicolas Graner. Un acrostiche de X par Y consiste à imposer que tous les Y commencent par des X formant un texte lorsqu’ils sont mis à la suite. Ainsi, un acrostiche usuel est, au sens de NG, un acrostiche de lettres par vers. Dans le cas présent :

  • Le proverbe est un acrostiche de lettres par mots dans le second texte.
  • El Hado combine la notion d’acrostiche de mots par vers avec la notion d’acrostiche interne récemment remise à l’honneur par Gilles Esposito-Farèse, ceci dans le poème célèbre « El Desdichado » de Gérard de Nerval. Ceci apparaît dans la présentation suivante :
                  Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé,
       Le Prince d’Aquitaine à         la Tour abolie :
                    Ma seule Étoile    est morte, – et mon luth constellé
     Porte le Soleil noir de la        Mélancolie.

                     Dans la nuit      du Tombeau, Toi qui m’as consolé,
     Rends-moi le Pausilippe et        la mer d’Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon       cœur désolé,
         Et la treille où le Pampre    à la Rose s’allie.

                     Suis-je Amour     ou Phébus ?… Lusignan ou Biron ?
               Mon front est rouge     encor du baiser de la Reine ;
                           J’ai        rêvé dans la Grotte où nage la sirène…

 Et j’ai deux fois vainqueur traversé  l’Achéron :
               Modulant tour à         tour sur la lyre d’Orphée
                         Les soupirs   de la Sainte et les cris de la Fée.