Le temps s’est arrêté

Parce que leurs mains se sont rencontrées
Courut dans leur chair un flot de chaleur.
Pareil à l’élan souple des marées
Courbe, en la clepsydre, est le temps fileur.

Courut dans leur chair un flot de chaleur
Et lentement leurs chemins se mêlèrent.
Courbe, en la clepsydre, est le temps fileur
Hélant ces fous dont le rêve est solaire.

Et lentement leurs chemins se mêlèrent
Parcours fougueux aux rebonds anguleux.
Hélant ces fous dont le rêve est solaire,
Par brusques flux sourdent les filets bleus.

Parcours fougueux aux rebonds anguleux
Où vacillent les étoiles filantes.
Par brusques flux sourdent les filets bleus
Ouvrant le compte acerbe des attentes.

Où vacillent les étoiles filantes
Les saisirent d’un coup l’ombre et le froid.
Ouvrant le compte acerbe des attentes
L’espoir a du retard, accourt l’effroi.

Les saisirent d’un coup l’ombre et le froid
Quand se sont donné l’étreinte dernière.
L’espoir a du retard, accourt l’effroi :
Qu’en ses débris clepsydre est sans lumière !

Quand se sont donné l’étreinte dernière,
Silence vint comme un caveau béant.
Qu’en ses débris clepsydre est sans lumière
S’illutant sous le limon fainéant.

Silence vint comme un caveau béant,
Paroi sourde où leurs âmes sont murées,
S’illutant sous le limon fainéant,
Parce que leurs mains se sont rencontrées.

 

Clepsydre de Bernard Gitton, La Réunion, photo Wikipédia

Clepsydre de Bernard Gitton, La Réunion, photo Wikipédia


Ce texte a été publié sur le site « La dilettante » de Marie-Noëlle Bertrand dans le cadre des Vases communicants, un échange entre blogs organisé le premier vendredi de chaque mois. C’était ma première participation aux Vases, où Marie-Noelle m’a fait l’honneur de recueillir mon texte tandis que je publiais le sien. Le thème commun était « Vases communicants » : ainsi le mien s’inspire de la disparition de la clepsydre réalisée par l’artiste Bernard Gitton dans la Plaine des Caffres, à la Réunion, détruite par un typhon.
Chacun de nous a imposé une contrainte oulipienne à l’autre. C’est ainsi que j’ai été chargé d’écrire un pantoum antérimé  tandis que Marie-Noëlle a écrit le sosnet « Ça c’est bath ! »

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