El Desinhibido

Je suis le Bienheureux, le Vif, l’Incontrôlé,
Le ponte du système  à la poche remplie.
Ma bonne étoile et mon flair d’élu cajolé
Gonflent ma caisse noire ô gamelle en folie !

Dans l’ombre des couloirs où j’ai su t’enrôler
Prends donc, belle tisseuse à la plume pâlie,
La liasse que froissant mes doigts aiment frôler
Et l’oseille qu’engrange ma paume salie.

Suis-je Amour ou Crésus ? Tartuffe ou Harpagon ?
Mon front de rouge au moins n’a pas la teinte vaine.
Je revis dans la mare où nage la murène.

Et je veux en vainqueur me sortir du lagon,
Mystifiant avec toi, la main sur le trophée,
Les gueux et leurs soupirs, la justice étouffée.


Une tradition dans la liste Oulipo est d’écrire des « Avatars de Nerval », c’est-à-dire des réécritures du Desdichado de Gérard de Nerval, en appliquant l’une ou l’autre des contraintes oulipiennes. Ces textes sont répertoriés par Nicolas Graner sur son site et constituent une mine impressionnante. Le sonnet ci-dessus est une nouvelle contribution à ces Avatars, appliquant simplement un homosyntaxisme un peu libre. Toute ressemblance avec un fait marquant de l’actualité immédiate n’est que modérément fortuite.
Posté sur la liste Oulipo le 2 février 2017.

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