Folie amnésique à Dora

C’est surtout le soir que je m’enlivre à tire-larigot. Malheureusement, mes poèmes ne restent généralement pas plus de quelques minutes imprimés dans ma tête, quelquefois même quelques secondes. En termes de radio-activité, leurs « périodes » sont comprises entre celles du Thorium A (0,14 seconde) et du Radium C (3 minutes). Tout se défait avec rapidité, comme les zigzags de la pluie sur une vitre, et d’authentiques chefs-d’œuvre s’évanouissent comme courrier timbré. Le plus souvent, découragé, je me désintéresse de fariboles trop hurluberlues et je pense à autre chose. D’autres fois, je m’accroche, je m’efforce d’ambiancer et j’utilise les débris d’une histoire en plein charivari pour composer hâtivement un tohu-bohu, qui ne durera d’ailleurs pas le temps de dire « ouf ».

Ce texte est une contribution à l’Oulipien de l’année, sur le site Zazipo. Cette rubrique est consacrée cette année à François Le Lionnais, dont un extrait de « La peinture à Dora » est soumis cette année au travail des oulipotes.
C’est aussi une première participation à l’opération « Dis moi dix mots 2013-2014 » dont il contient la liste de mots imposés, qui vient d’être rendue publique:
ambiancer
à tire-larigot
charivari
faribole
hurluberlu
ouf
s’enlivrer (1)
timbré
tohu-bohu
zigzag
(1) « être ivre de lecture », néologisme d’un élève de CM2.
Posté sur la liste Oulipo le 11 juin 2013.

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