au silence
des limpides nuits
frissonne la fille incertaine
cherchant au ciel la couronne boréale et l’ourse
le ciel frais
des limpides nuits
arrête son manège calme
les amis
des limpides nuits
vont raviver un grand feu d’or
puis viendra ce chant paresseux où l’âme s’immerge
bruit stellaire
des limpides nuits
quand s’allume la blanche écharpe
le rivage
des limpides nuits
bruit d’un frais clapotis berceur
qui charme les traînants marins fatigués et tristes
s’accordant au déchirant gémissement que les filins lancent au vent battant
l’astre blême
des limpides nuits
mène sa voile énigmatique
il laisse un oubli sombre chaque instant chaque instant
nudité
des limpides nuits
où l’instable vie s’abandonne
trouble ronde
des limpides nuits
berceau noir
Ce poème est une contribution à l’appel à texte du site Zazipo, «L’oulipien de l’année», consacré cette année à un passage de «Mek-Ouyes chez les Testut» de Jacques Jouet. Ce texte m’a procuré, outre le thème de la nuit repris librement, l’aliment pour construire ce grand bigollo suivant la contrainte téléphonique. Il me fallait pour cela un grand nombre, dont les chiffres sont fournis par la longueur des mots. J’ai suivi la version douce de la contrainte: chaque syllabe doit comporter une lettre selon la règle 2=ABC 3=DEF 4=GHI 5=JKL 6=MNO 7=PQRS 8=TUV 1 et 9 libres.
Le refrain vient du titre : «Mek-Ouyes chez les Testut» -> 3 5 4 3 6 -> «des limpides nuits»
Les autres vers sont issus du texte : «La nuit… Quand nous aurons allumé le feu …» -> 2 4 5 // 4 6 6 2 3 … -> «au silence // frissonne la fille …»
Posté sur la liste Oulipo le 19 septembre 2013.