Arme lourde, éveil puni

Autrefois l’enfant poursuivait, attendri, l’envolante palombe.
Autrefois l’employée puisait, alanguie, l’eau placide
Arrosant l’éternelle plaine à l’envoûtant parfum.

Ah ! lamentable été précipitant ainsi l’enfer.

Paraît abruptement l’Echarneur,
Pareil au Léviathan,
Elevant pattes assassines,
Langue enflammée,
Pointes arséniées,
Liquéfiant écoles, ponts, ateliers, logis et panthéons.
Aveugle, lugubre, exorbité,
Poignarde, avale, lacère, émascule, pourrit.

Arpentant l’effondré paysage,
Ambulent loqueteux exsangues,
Pieds arrachés, les entrailles perforées,
Adjurant leurs enfants pour abréger leur existence.
Plus à l’est, parfum âcre :
L’embrasement pestilentiel
Assouvit l’exalté pyromane.
Appels lancinants, explosions, plaintes
Assourdissent l’étouffant pandemonium.

Ah ! lamentable été.

Pourtant, amis, l’espoir paraît.
Affluent les entêtés partisans
Amoncelant lestes escarmouches, préludes à l’éradication.
Pesamment acharné, l’écumant prédateur,
Attirant lacs profus aventureusement lancés,
Etranglé,
Périt, agitant lamentables élytres palpitantes.

Aurore lève enfin,
Pâlit astre lunaire.
Emerge peuple aux lèvres encor pantelantes,
Avançant lentement entre plâtreux amas,
Laissant enfants perdus ausculter les épaves profondes.

Au labour éventrées, parcelles argileuses
Lèvent exubérants plants
Aux lourds épis prometteurs.

L’acrostiche au sens original est un poème dans lequel sont placées en tête de chaque vers  successivement les lettres d’un mot ou d’une phrase. Une contrainte proche est l’acronyme, utilisé ici, qui s’inspire de la notion d’acronyme usuelle (PAF=Paysage Audiovisuel Français): les lettres d’un mot source sont placées chacune en tête  d’un mot du texte. Ici l’opération est réitérée tout au long du poème, et l’on parlera d' »acronyme itéré« .  (Posté sur la liste Oulipo le 19 septembre 2012).

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