Bardes y ont su l’air

Du gibet quelle forme en ce donjon penche sous le vent ? Qui gémit d’un soupir chavirant et fait danser sa jambe ? Un faquin grimaçant hâtivement jugé semble pendule. Bougre n’est qu’un pantin de chiffon blême déjà sans vie.

Pourquoi ? Bravant un jugement, a-t-il franchi dive borne ? Brusqué femmes et gens par l’enjoué vent de débauche ? Volé géline, coq, jars, chapon, dans la ferme abbatiale ? Jour funèbre. Mie, pourquoi le garde noua-t-il le chanvre ?

Quand viendra le temps, griffon cruel joindra l’horreur. Boira gars, fouillant d’un pic crochu qu’oindra jus mauvais. Vagabond, fuis ce champs d’os qu’un joug fatal amende. Ne reviens jamais boire au chai flasque de ces grappes. Le sang d’un mioche joufflu fut sève qu’ont bue ces ceps.

Dès juin le grillon bruit vers le mont presque en friche: gai bruit jailli qui charme les coeurs purs de ferveur. Joli vent effile peu à peu cette grotesque bamboche.

 

Belle Absente sur un poème en prose: un texte découpé en phrases (ou paires de phrases) d’environ 45 lettres, auxquelles s’applique la contrainte. L’hommage du Bel Absent va au poète considéré comme l’initiateur en France du poème en prose. Le titre est en anagramme.
Posté sur la liste Oulipo le 6 avril 2013.

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