Oiseaux évanouis

Sans frein, court
Le gamin fouinant, en blouson mal teint, qu’un sale pion faf épris d’un ordre aigu
Croit casseur cool, barje.
Fuit quand l’empoignade point sur le charroi qui va
Comme un flot radieux qu’abîme or.

A genoux prient l’amour divin, maroufles, copains, tueurs craignos, réacs, requins.
L’onde audio miaule, colportant un récit puant.
L’œil pas net, un oiseau noircit.
Hauts pontes locaux,
Pieux, aboient.

L’air très doux geint, gazouille ; août dort.
Le gamin,
Qu’une passion d’ailleurs tord, débridant un corps libre,
Au trot sort de la nuit, que sa foi sait œuvre d’ignorants druides prosant sur l’ombre.
Ribauds cueillant sorts.

Maints tourments, désirs, souhaits, secouant son esprit qu’aguerrit son graal, l’insurgé fonce.
Rit quand croise un paon, cœur ravi du léon traînant.
Lit un poème-cri qu’osaient,
Sur coachs, chœurs tribaux
Des noirs trashs.

Grand foehn bisque fort.
L’air mugit, orateur poignant.
Seul lui, calme, ôtant nœuds, liens moraux, l’idiot vague loin, sauvé du frimas fœtal.
Soir de lune.
Soir maudit, roseaux zombis, eau putride, champs morts.

Abolit chute, effroi, sudation, peur, atrocités qu’au ciel oblats marrons cueillent.
Soudain rit, troublant le moi d’un fâcheux violacé.
Chatouille de bouillants ripoux.
Repart, droit, sur l’eau,
Violent, hard.

D’autres mioches nus, gais, poilus, captent son courage.
Fiu d’hoax cléricaux,
D’émois creux.
Sans moisir, quand l’ombre fouaille,
D’un bond laissent la guivre, dont les suit la voix dure ; alors soufflent l’air qu’osent frais.

Chant qui vole en union magique ; mots d’amour, zen, vitaux ; mots déviant au soleil.
Leur corps saisi d’un orgasme où vit l’ange d’un soir,
Dans l’eau noient leur poitrail nu d’hommes.
Là sourient au choc
Sidéral.


Ce texte est bâti sur une séquence vocalique, c’est-à-dire une suite imposée de voyelles. On peut parler ici de « séquence vocalique exhaustive » car on impose que figure une fois et une seule chaque suite possible des 5 voyelles. Il y en a 120, ce qui fait 600 voyelles à placer (Ces séquences ont été intercalées afin d’éviter d’avoir d’abord toutes celles commençant par « a »). Imposant par ailleurs une moyenne de 1,5 voyelle par syllabe, ça donne 400 syllabes, réparties en 8 strophes de 50 syllabes et 75 voyelles. Or, tout comme dans les bigollos, le début de la suite de Fibonacci 3-5-8-13-21 donne précisément 50 syllabes. Pour faire un peu de variété, les strophes sont alternativement, les unes sur le schéma décroissant 21-13-8-5-3 et les autres réordonnées en appliquant à ces cinq nombres une quenine d’ordre 5.
Le respect dans chaque strophe de la moyenne de 1,5 voyelle par syllabe, usuellement facile, est ici rendu assez délicat par la séquence imposée de voyelles, où manquent les « e » tandis que les « u », « i », « o » sont surreprésentés. J’espère que la lisibilité n’en est pas trop affectée.
Posté sur la liste Oulipo le 7 août 2017.

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