Quand un dieu vint trouver une nymphe rebelle

– O vole amour grand et beau.
– Quel dieu a jeté rire, accord.
– Coco qu’on vole noua rime, ours en grand sot d’être ribaud…
– Quel odieux volage !   Hâtez mourir grand dadais ! Corbeau !
– Quel coco : Dieu convole à genoux, atterri. Mourir sans grand assaut des corps tribaux !
– Quel coq ! Dieu con ! Ah je noue terre : y rire ?  Sang à seaux qu’or trie.
– Coco qu’on vole noua rime, ours en grand sot d’être ribaud…
– Quel dieu a jeté rire, accord.
– Cocon nourrissant sauterie.

Les membres de l’Oumupo (ouvroir de musique potentielle) ont mis au point la notion de « canon des solitaires » et Valentin Villenave a soumis sur la liste Oulipo une demande d’exemples. Il s’agit d’écrire un canon pouvant être chanté par une seule personne, les syllabes de chaque phrase venant s’intercaler les unes avec les autres, en obtenant à chaque fois un texte ayant, autant que faire se peut, un sens.
Dans l’exemple ci-dessus, les trois phrases sont
1 O vole amour grand et beau
2 Quel dieu a jeté rire, accord
3 Cocon nourrissant sauterie
Les entrées des trois chanteurs A, B, C sont décalées pour obtenir le schéma suivant (j’ai écrit une seule fois le vers central où les trois voix coexistent).
A B C
1
2
3 1
1 2
2 3 1
3 1 2
2 3
3 1
2
3
Pour l’écriture mono-chanteur le décalage que j’ai utilisé est le suivant (avec quelques libertés sur le « t(e)r(ie) » achevant la phrase 3) :
1 —- — o —- — vole — — a — — mour …
2 quel — – dieu — —- age — – té …
3 —- coc – —- con —- — nou – — ri …
Posté sur la liste Oulipo le 19 février 2017.

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