Sans-culottides

La période spéciale des « sans-culottides », dans le calendrier républicain, rattrape les jours manquants du fait de la durée des mois uniformément fixée à 30 jours. Cette période fut l’occasion d’un petit interlude dans le Sankulipo. Chaque jour un poème a été écrit selon la contrainte de la belle absente : le nom du jour est caché dans le texte, et en vous référant à cette contrainte vous êtes invités à le décrypter.

17 septembre – 1re sans-culottide

Quand les remous changeants fripent joncs bleus et louches,
Qu’au fond d’impurs gourbis vont jolis gars chantant,
Fille à jambe de vamp cogne insolents qui touchent
Beau jupon d’organdi. Fichu qui vole aux mouches
Fait rêver cinq jobards de grand charme à plein temps.

18 septembre – 2e sans-culottide

Les jardins imprévus défrichons tant qu’il brume
Qu’ont franchis, jour brutal, suppôts du gain mauvais,
Aveugles défroqués aux champs abjects rivés.
D’ample et fantasque charge, au vol enjambant grume,
Par longs maquis branchus, fort dans la nuit, j’y vais.

19 septembre – 3e sans-culottide

Vieux jargon du faucheur, auquel son pré ressemble,
Fauve et chaud, jubilant, mots qu’on mange à plein bec :
M’emplis de souvenirs qu’un jour chien gifle, et tremble.
Chômeurs que fric jonglant pend au mat du chebec,
Que friche grise emplume, et joue vent du rebec,
Font plus grand chaque jour valser le monde ensemble.
Vie et grand joie aux champs quand va fuir urebec.

20 septembre – 4e sans-culottide

Viens, mangeur de chapeau : que justice fébrile
Tombe et venge l’affront, jusqu’au ciel déchirant,
D’un jargonnant blasphème évoquant coup pas franc.
De quoi, veux fabuler, gauchiste où plomb jubile ?
Sache qu’on va, joufflu, dompter bavard trop grand,
Cravacher quidam fier jugeant ce temps débile.
Par vagues chaque jour flambera horde hostile.

21 septembre – 5e sans-culottide

Jouvenceau mal peigné, diable qui siffle et chasse,
Vis-tu par fol hasard joli magot qu’au banc
J’oubliai, fort hagard, quand empli de vinasse
Jusqu’au plumard vaguais, beauf déchu titubant.
Qui va, d’un jour infect abrégeant lâche passe,
Trouver mon dû juché sous quelque engin forban ?
Jovial, d’air gratifiant, promis choquant ruban.
Eh bé, dit gars fâché, quel vieux pou ! je me casse.
Quoi, d’un colifichet j’ai part, morve gobant ?
Mon cochon, j’avais rang pour flots d’acquis probant.
J’ai pigé, qu’enchaînai. Va pour dollar flambant.

6e sans-culottide

Il existe une sixième sans-culottide, ajoutée les années bissextiles. En contravention avec le fonctionnement normal du calendrier républicain, nous la fêterons exceptionnellement le 29 février 2016, permettant ainsi d’éviter un décalage dans les jours ordinaires. Son beau nom, Révolution, fera de même l’objet d’un poème en Belle absente.

Avis : En prévision de ce jour spécial, chacun est invité à m’envoyer une Belle absente sur le mot Révolution, qui sera publiée sur cette page le 29 février.