O bel or

Jambe au cuir roux, corps balancé, cheveu court,
Cinq joviaux gosses teigneux
Foncent, délictueux voyous,
Coupant la brume des rues en déclin.
Joyeux, sèment rage.
Rauque passion fiche un dru chambard
Qui balaie joli comité matois,
Fauchant à pleines mains, foutrement,
La ligne sotte des décorés,
Rudoyant maint affligeant bedeau discoureur.
Déjà rêve et magie fissurent ciel.

L’ivre souffle vif, qui vogue, rit, s’agrandit,
Happant la goutte de rosée.
Parcourant, radieux, du rai d’un doigt doré, ce pays
Qui pleurait, quel bel ange filant
Danse doucement sous la fragile aurore adoucie ?
Par ces beaux jardins se risquent d’ocres oiseaux inconnus.
Traîne un fol amant s’attardant.
Doux vent de miel se répand.


Ce texte est une commande du Festival Permanent des Mots pour son numéro 6 paru le 28 août 2015. Il est composé selon la contrainte harmonique  à partir du Boléro de Ravel (dont le titre est une anagramme). Cette contrainte consiste à associer à chaque note une lettre selon la correspondance suivante :
la: a,h,o,v
si: b,i,p,w
do: c,j,q,x
ré: d,k,r,y
mi: e,l,s,z
fa: f,m,t
sol: g,n,u
Cette correspondance est couramment utilisée par les musiciens pour composer un morceau en hommage à une personne. J’en ai retourné le principe : Ici, les syllabes doivent à tour de rôle commencer par la lettre associée aux notes. Les deux strophes correspondent chacune à l’un des deux thèmes du Boléro.

 

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