Calcul différentiel 1/3

T’

Et le Titan ?
Il se ferme,
Ecu râpé, sein mol.
L’été tu, a rué, se va.
Meure l’eau en sel.
L’or ? -Nase, Fi ! Nul.

T″

Eli ni Sem.
Eu réelle tare.
Sam élu : néons in !

Dont une exégèse possible est:

Ce n’était pas un dieu, un pilier de la bible.
Ce n’était qu’un médiocre humain peu reluisant.
Mais c’est lui qu’après tout l’on trouva séduisant
Et les feux de la rampe un soir l’ont pris pour cible.


En math on nomme f’ la dérivée d’une fonction f. Cet objet, qui rend compte de propriétés locales de f, n’existe pas toujours. Si c’est le cas, on dit que f est dérivable.
Nous allons associons à un texte T une dérivée T’ simplement en choisissant une lettre dans chaque syllabe de T. Bien sûr l’ordre initial doit être respecté. Ainsi, le texte T’ ci-dessus est la dérivée du poème que voici, de Tristan Derème :

Entre la vie et moi tirant un voile épais,
j’enfermerai mon cœur et conquerrai la paix.
Je sèmerai dans mon oreille une tulipe ;
et quand j’aurai fumé mes cheveux dans ma pipe,
pour marquer la retraite où je m’ensevelis,
sur mon crâne rasé je ferai peindre un lis.

Bien entendu, l’opération peut être réitérée, et la dérivée seconde T″ de T est la dérivée de T’, etc. Reprenant pour T le poème de Tristan Derème, on obtient en dérivant T’ le texte T″ donné sur cette page.
Il va sans dire que ni l’existence, ni (à la différence des mathématiques) l’unicité de la dérivée T’ d’un texte T n’est assurée.
Posté sur la liste Oulipo le 4 février 2015.

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