celui qui pleure et qu’on attend

il est parti laissant le fer laissant le bois
il a marché le dos courbé sous les sacoches
de son couteau manche de buis strié d’encoches
il s’est frayé d’étroites voies comme aux abois

sans un repos sous l’air mauvais des lunes rousses
trempant sa lèvre au gour fangeux qu’un fauve boit
fixait son cap au déferlant du vent des brousses

il est parti séchant ses pleurs du poing fermé
foulant sans joie fougère épine et blé germé

l’homme perdu qui vainc ses peurs et ne rebrousse

quand viendras-tu combler ma soif mon deuil épais
j’observe au loin chaque frisson troublant le lierre
le vent m’enserre et la lumière est ma geôlière
un désert blanc vide mes yeux privés de paix

la plaine autour crève de peur tremble de frousse
l’écho s’emplit d’un long tocsin de coups frappés
par le sonneur dont le museau grince et se trousse

quand viendras-tu ses battements rendre à mon cœur
toi qu’on entend marcher la nuit toi le traqueur

l’homme perdu qui vainc ses peurs et ne rebrousse


La schaltinienne est une forme proposée par Raymond Schaltin vers 1955-1956. Outre une répartition en quatre strophes respectivement de 4, 3, 2 puis 1 vers, elle doit respecter plusieurs exigences, qui varient selon les auteurs, et que je me suis efforcé de suivre. Le présent poème est une schaltinienne double, que j’ai composée en vers de douze syllabes rythmés en trimètres.
Posté sur la liste Oulipo le 4 janvier 2014.

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