Le point bleu

Vienne le point bleu…
Avec le continent bis,
Siècle lève sève.

Visé, lent, blessé s’en tienne
Poésie pour les sélènes

Exégèse :

L’étrange couleur d’un monde mis à l’envers
De la banalité d’une normale terre
Bannit l’insignifiant du redit séculaire,
Lui donnant l’aperçu d’un sang neuf qui rend vert.

Il s’est senti visé par d’effrayants bolides,
Interminablement, traînant son handicap.
Mais les mots du poète affermissent le cap
De ceux dont l’astre, dans la nuit, dort impavide.


Nouvelle contribution à l‘Oulipien de l’année, rubrique dans laquelle comme chaque année le site « Zazie mode d’emploi » rend hommage à des Oulipiens, en 2019 Eduardo Berti et Pablo Martín Sánchez : un texte qu’ils ont écrit en collaboration est soumis à toute transformation des lecteurs. Le présent  tanka se compose de deux strophes correspondant chacune à la partie écrite par l’un de ces deux auteurs. Le lien n’étant pas évident, une exégèse est ajoutée, visant à l’expliciter un peu…
Ce tanka suit la contrainte du beau présent digrammatique, une variante du beau présent récemment proposée par Gilles Esposito-Farèse : ici, chaque digramme (couple de lettres successives) doit être l’un des digrammes d’un texte source. Ce texte est la phrase suivante extraite du Petit Prince d’Antoine de Saint Exupéry, qui est citée dans le double texte des oulipiens de l’année : « On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. »
Posté sur la liste Oulipo le 24 mai 2019.

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