la porte

l’épaule arquée sous le sac de nylon bleu
la cheville en un laçage double
avoir chaloupé lourdement
dans le matin brumeux
de virage en virage
jusqu’à la rupture de pente

la main nouée sur le barreau de fer
m’être hissé vers la brêche du dièdre
surplombant des alpages bleutés
m’être rétabli sur la vire giflée par le vent

par les prairies suspendues
sautant les mors tortueux du lappiaze
avoir risqué des traces arabesques
moqué par le choucas maître du vide

à l’invisible faille le chemin l’avoir localisé
qui serpente au creux des rocs enchevêtrés
juste balisé de peintures vieillies
glissant sous une baume
resurgissant en détours aériens

enfin
au creux rougeoyant du calcaire
l’entrée de la grotte

mais
pourquoi ce linteau de béton
pourquoi cette porte de métal
dont mes poings tirent une sourde résonance
éveillant le profond écho de la diaclase
pourquoi ce blindage où mon visage estompé
s’imprime en un reflet sombre et froid

le chemin descend tout droit
face à la pente
dérapant dans les éboulis
parking
voie express
lotissement

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