Sonate quatorzine

Allegro furioso

Messe âpre : teigneux lion céda, pâmé,
A muet push-drag corpo. Et il sinua, nu.
On ampute l’impoli sot. Adios ! Atroce
Scène : rampa au sol, enduit, type sale.

« Glace, sang pur, atome ira, ô douce loi »
Foule exclue s’adonna à prier à moto
Et comme la rue vit, ca plut au synode.
Ode tentons, ami, au leurre prescrit.

Tif décati et nopé, ours soûl, mol, bas,
Va, cible du mac : « Ouste ! sieur en pompe
A plat ô zig nul, crad : ferme sac et out »

Que put l’anchois ? S’il mande élu: dard,
Creux du pal et le bain à coma. O hisse !
A surgi du condom : à pic blanc tua net.

 

Adagio

Grésil au soir tintinnabule, hochant drupes molles.
Gemmes posées dans l’arcature ornant l’ancien moulin.
Un manteau de lin pur lisse tout du tronc aux courcins.
Chacun remise au clou son jeu d’outils et pend ses grolles.

La chanson d’un pasteur trimant bien tard du puits s’envole,
Voilée des chocs furtifs du vent rampant, migrant mutin.
Tard gourment  clarines  guinchées par broutards, sourds dandins,
D’un traînant tocsin montant lorsque repart leur  carriole.

Paix, douceur, tintement profond, grésil, rumeur lunaire.
Tranquille ordre au mont clair où tout semble écrit en nos pierres.
Plein accord liant l’esprit des premiers sourciers trappeurs

Au pâtre traçant son sentier, marchant des lieues d’errance.
Réseau d’exploits lentement annoncés: mars ou naissance.
Serein bruit d’un monde ami, puis c’est l’instant, tout ça meurt.

 

Vivace

Greta loucha jusqu’aux enfants buvant des pots,
Pégueux drive, table fâcheuse, gens cossards.
« C’est pis que gueux ! » Jouent des airs chauds, vifs, ton loubard
« Bon slap: tiens ! qu’enfin, gavés, j’échaude au roseau. »

Zébrant ces dos la chipie jouta, viking fou,
Faisant gober cris, vaste dégelée, poings chus.
Cheffe empesée, longues jambes d’actrice, a vu.
Vint chasser fort péteuse : « ah ! quel dégueu bijou ! »

Joviaux bans, chants goths, Cids en fleurs, képis ôtés
Toges au vent, paient bocks cher, gueulant « Soif ! aidez ! »
Dans teuf joue Suze. Elle vogue au près, bouche au côt.

Con déchue, tout bas, forge paix. Ca gaze, vlan.
Les couve des yeux, choie, gâte as bien pafs girant.
Roule, ange, kiffe vaps du buzz ! suis, shunte égo !

Cette « sonate » comporte trois « mouvements » suivant chacun une variante de contrainte sur la « quatorzine littérale », idée de Gilles Esposito-Farèse. La quatorzine utilisée ici est le schéma suivant:
esartinulocdpm
mepsdacrotliun
nmueiplstdoarc
cnrmauoeditpsl
lcsnprtmiadueo
olecusdnapirmt
tomlreicpuasnd
dtnosmalurpeci
idctenporsumla
aildmcutsernop
paoinlrdemsctu
uptacosimneldr
rudplteancmois
sriuodmpclntae
La première contrainte est l’insertion d’exactement une lettre entre chacune de celles de la quatorzine (déjà appliquée dans le Branle gai); la deuxième plus douce consiste en vers de 14 pieds dont chacun doit contenir l’une des lettres de la quatorzine; la troisième est un exemple de « quatorzine consonantique » également définie par Gilles, dont le schéma est identique mais basé sur 14 consonnes.
Posté sur la liste Oulipo le 10 novembre 2012.

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