le mur d’en face

la fenêtre
donne sur la cour
Ram voit à travers les carreaux
le mur aveugle où rien ne vient trancher sur le gris
sauf une humidité phosphorescente et du pigeon cette coulure laiteuse
il s’assied pose à côté de lui son sac vide et son manteau de grosse laine il regarde l’autre côté de la cour et ce mur

et ce mur
qui n’a jamais vu
le ciel ouvre sans prévenir
une transparence où sous un soleil de velours
Ram reconnaît au centre du hameau son toit de tôle sa porte et le banc bleu

sous le pont
le torrent qui danse
sur la place hurlent deux chiens
autour les bambous dressent leur mystère immobile

sur l’asphalte
deux corps dénudés
son père et sa petite sœur

Ram a froid
il se lève et ferme

le volet

Vassily_Kandinsky,_1932_-_Unequal


Ce poème est une contribution à La Ronde de janvier 2018. Dans cet échange entre blog bimestriel chacun est accueilli sur un autre blog. Ainsi ce texte a été publié par Giovanni Merloni, tandis que j’accueillais pour ma part avec joie Jean-Pierre Boureux.

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